Temple du mouvement Fo Guang Shan
Centre Conférence Bouddhiste
Fo Guang Shan Genève
20 bis, Chemin du Terroux
1218 Grand-Saconnex
Type de construction: | temple bouddhiste (centre de conférence) |
Superficie bâtie: | 500 m2 (bâtiment) - 2419 m2 (parcelle) |
Hauteur du bâtiment: | 6.5 m |
Coût: | environ 3 millions SFr. |
Opposition: | aucune |
Maître d'ouvrage: | IBPS Switzerland |
Architectes: | Anderegg & Rinaldi, Genèvee |
Pose de la première pierre: | 10 janvier 2005 |
Période de construction: | 15 mois |
Inauguration: | 23 juin 2006 |
Tradition religieuse: | bouddhisme zen |
Du début du projet jusqu'à l'inauguration: | 7 ans |
Gare de Cointrin à Genève − bien que nous ne prenions pas l'avion pour l'Orient, nous allons quand même bientôt nous trouver devant un temple bouddhiste. Il suffit, pour ce faire, de monter «à bord» du bus numéro 10, direction «Balexert». Nous descendons du véhicule à la station «Terroux» et traversons la très fréquentée avenue Louis-Casaï. Puis, nous nous engageons en direction de Saconnex, dans le chemin Terroux. Après 10 minutes de marche, nous remarquons sur notre droite un bâtiment moderne avec un large escalier d'entrée et une esplanade pavée de dalles de pierre.
Sur les côtés de l'édifice se dressent des arbres décoratifs rares. Des figures de granite clair, un peu plus grandes que des nains de jardin, entourent le bâtiment et nous souhaitent la bienvenue. Elles représentent des novices bouddhistes. L'un d'entre eux tient une rouleau de papier sur lequel est inscrit en écriture chinoise: «La lumière du Bouddha brille partout». Un autre pratique le kung-Fu afin d'exercer son attention (mindfulness), comme la vénérable nonne Chue Yann va bientôt nous l'expliquer.
Après la visite du Dalaï Lama à Genève en 1999, un groupe de bouddhistes du Japon, de Chine, du Sri Lanka et de Corée contactèrent les autorités locales à la recherche d'un terrain pour la construction d'un temple. Une parcelle, mise à disposition par le canton pour cinquante ans, fut trouvée mais le groupe d'initiateurs ne put réunir l'argent nécessaire. Les autorités exigeaient que les travaux commencent en 2005 au plus tard. En avril 2004, les croyants contactèrent l'International Buddhist Promotion Society (IBPS, l'organisation faîtière du Fo Guang Shan). Celle-ci était prête à s'engager de façon déterminante et rendit, par son apport financier, la construction possible. Pour l'essentiel, l'IBPS reprit le projet de temple moderne développé par les initiateurs et la construction put commencer en janvier 2005.
Le 23 juin 2006, plus de 1500 visiteurs participèrent à la cérémonie d'inauguration, ainsi que le fondateur du Fo Guang Shan, Hsing Yun, d'innombrables représentants politiques et religieux, parmi lesquels le conseiller d'état Laurent Moutinot, le syndic de Grand-Saconnex Arthur Plee, les ambassadeurs de Chine, de Thaïlande et du Bhoutan de même que des représentants d'organisations religieuses et interreligieuses. Le temple de Genève est l'édifice de Fo Guang Shan le plus récent en Europe. Le premier temple fut construit à Paris en 1991.
C'est en avril 2008 que la vénérable nonne Chue Yann vint à Genève. Elle dirige depuis lors le centre de conférence, une succursale du cloître principal de Fo Guang Shan au Sud de Taiwan. Chu Yann est née en Malaisie et vit depuis 1992 en Europe. Comme les clercs de Fo Guang Shan doivent se déplacer régulièrement, elle a vécu à Londres, à Manchester, à Stockholm et encore une fois à Londres avant de se fixer à Genève. Comment se fait-il que cette Malaisienne sympathique soit partie un jour au Sud de Taiwan pour devenir nonne ? «Alors que j'étais à l'école secondaire, j'ai rencontré notre maître, Hsing Yun. Je partis alors pour le Fo Guang Shan à Taiwan afin de devenir nonne et étudiai là-bas au séminaire bouddhiste. Le maître Hsing Yun est très connu en Malaisie.»
D'après Chue Yann, les relations avec le voisinage sont bonnes. Elle a cependant l'impression que beaucoup de personnes ne connaissent pas vraiment la fonction du bâtiment moderne. Elle l'a constaté lorsqu'un jour elle a suspendu des lanternes à l'extérieur. «Quelques personnes ont pensé que nous étions l'ambassade vietnamienne, d'autres voulaient réserver une table pour venir manger avec leurs grands-parents» raconte Chue Yann. «Comme nous sommes nouveaux ici, on ne nous connaît pas encore bien. Dans le futur, nous voulons y travailler. Nous aimerions faire quelque chose pour que les gens sachent que nous sommes ici.» C'est dans ce but qu'a été instauré la «journée des portes ouvertes» qui a lieu chaque année. De l'expérience de Chue Yann, les gens sont curieux mais n'osent pas entrer dans le temple. Néanmoins, des voisins suisses participent chaque fois aux cérémonies du dimanche, en plus des bouddhistes de Chine, de Malaisie, de Thaïlande et de Taiwan. On ne recense jusqu'à maintenant qu'un seul incident avec l'environnement: en juillet 2008, des fenêtres, des murs extérieurs et l'entrée du temple furent recouvertes de devises et de symboles politiques chinois. Dans le temple, on ne désire cependant plus se souvenir de leurs contenus.
L'International Buddhist Promotion Society (IBPS) dirige actuellement à peu près 200 temples dans le monde entier. En Suisse deux temples dépendent de cette société: celui de Genève et celui de Gelfingen (LU). Le centre spirituel de l'IBPS, le cloître principal de Fo Guang Shan se trouve à Kaohsiung, dans le Sud de Taiwan. Le Fo Guang Shan fut fondé en 1967 par maître Hsing Yun, né en 1927 dans la province chinoise de Changsu et considéré comme le 48ème patriarche de l'école rinzai du bouddhisme zen. L'objectif de Hsing Yun est «de purifier l'esprit humain au travers des pratiques bouddhistes» et de promouvoir le bouddhisme. Le «humanisme bouddhiste» de Hsing Yun porte principalement sur l'intégration de la pratique spirituelle dans la vie de tous les jours.
Le Fo Guang Shan gère également des projets caritatifs et des programmes d'éducation. Ainsi, le mouvement compte 16 écoles en Asie du Sud, en Australie, en Afrique du Sud, aux USA et au Brésil et a construit dans ces pays de monumentaux complexes de temples. C'est en 1991 que fut créée, à Los Angeles, l'organisation laïque Buddha's Light International Association (BLIA) dans le but «de réunir les forces de la communauté monastique et des pratiquants laïcs». La BLIA est présente dans presque 170 emplacements de par le monde et transmet les enseignements du «humanisme bouddhiste» dans des groupes locaux et des centres bouddhistes. D'après ses propres données, l'IBPS compte plus de nonnes féminines que tous les autres ordres bouddhistes réunis.
On considère que Siddhartha Gautama, qui devint plus tard le «Bouddha», vécut au VIème ou Vème siècle avant Jésus-Christ dans le nord de l'Inde. Néanmoins, de récentes recherches inclinent plutôt à penser qu'il ait vécu entre le Vème et le IVème siècle avant notre ère.
L'enseignement de Bouddha est considéré comme «la voie du milieu»: ni une vie de volupté et de débauche, ni l'ascèse et l'auto-flagellation ne peuvent mener à la connaissance et à l'illumination. Il faut se tenir loin des extrêmes et mener sa vie de manière vigilante et désintéressée. Bouddha conserva les concepts de réincarnation et de karma issus de la tradition brahmanique. Ainsi tous les êtres, terrestres ou vivant au-delà de la sphère terrestre, sont soumis, de façon identique, aux conséquences de leurs actes (en sanscrit «karma» et en pali «kamma»). Cela signifie que la vie présente, ainsi que la suivante, sont déterminées par les actes bons ou mauvais et que l'homme est prisonnier d'un cyle de renaissances (samsara). Tout étant éphémère, il n'existe ni être ni bonheur éternel. L'enseignement bouddhiste vise à dominer les conceptions erronées et l'insatisfaction (dhukka) qui en découle.
Une première division du bouddhisme est à l'origine de la religion pratiquée aujourd'hui majoritairement au Sri Lanka, au Myanmar, en Thaïlande, au Laos et au Cambodge. Ce mouvement se nomme «theravada», la «doctrine des anciens». Ses adhérents prétendent en effet enseigner de la même façon que Bouddha. La majorité des bouddhistes appartient cependant au bouddhisme «mahayana» (grand véhicule), apparu au début de l'ère chrétienne et répandu aujourd'hui en Chine, au Vietnam, en Corée et au Japon. Enfin, l'école tibétaine du bouddhisme, nommée «vajrayana», se trouve au Tibet, dans les régions de l'Himalaya et en Asie centrale. L'école ch'an, fondée au VIème siècle en Chine, est une forme particulière du bouddhisme mahayana. Etablie au Japon au XIIème siècle, elle est nommée «zen». Le terme «zen» est un dérivé de «ch'an» (méditation, immersion). Le bouddhisme de ce type peut être divisé en deux traditions principales: rinzai et soto-zen.
On peut distinguer deux types de pratique bouddhiste en Europe: les bouddhistes originaires d'Asie participent aux célébrations, vont suivre un enseignement ou faire un don dans les monastères et les temples. Les convertis (occidentaux) au bouddhisme mettent, par contre, l'accent sur l'étude des textes et les exercices de méditation.
Dans le monde vivent à peu près 400 millions de bouddhistes, dont 1 million et demi en Europe. Actuellement, 25'000 bouddhistes vivent en Suisse dont la plus grande partie est d'origine étrangère. Beaucoup d'entre eux ont été naturalisés. On remarque que deux tiers des bouddhistes sont des femmes et que la tranche d'âge de 20 à 39 ans est la plus représentée.
Le centre de conférence du temple genevois de l'IBPS organise différents programmes de formation: camps d'été pour les jeunes, séminaires sur la philosophie bouddhiste chinoise, cérémonies zen, cérémonies du thé, cours de cuisine végétarienne, calligraphie chinoise, cours de mandarin et de méditation. Des concerts et des projets caritatifs sont également mis en place.