Eglise orthodoxe macédonienne
Mazedonisch-orthodoxe Kirchgemeinde
Gislerstrasse 9
6234 Triengen
Type de construction: | Eglise orthodoxe macédonienne |
Superficie bâtie: | 280 m2 (bâtiment) - 4639 m2 (parcelle) |
Hauteur du bâtiment: | Environ 14,8 mètres |
Coût: | 3-4 millions SFr. |
Opposition: | Oui (places de parc) |
Maître d'ouvrage: | Paroisse orthodoxe macédonienne |
Entreprise: | Arnet AG, Entlebuch |
Architecte: | Marjan Cvetkovic (conception) / Rudolf Bucher (réalisation) |
Début de la construction: | 22 septembre 2007 |
Période de construction: | 3 ans |
Inauguration: | 26 septembre 2010 |
Tradition religieuse: | orthodoxe macédonienne |
Du début du projet jusqu'à l'inauguration: | Environ 18 ans |
La petite commune de Triengen, de quelque 4'400 habitants, est située au cœur de la Suisse. Depuis peu, il est possible d’y découvrir, outre la beauté de la nature environnante, une curiosité architecturale: l’unique église orthodoxe macédonienne de Suisse.
Construits dans un style traditionnel, l’édifice et son clocher séparé se situent à la jonction d’une zone industrielle, d’une zone d’habitation et des champs de l’idyllique Surental. Les promeneurs, qui s’approchent de Triengen par le nord et à travers champs, aperçoivent de loin la petite église de forme inhabituelle qui s’insère discrètement dans le paysage. Situé à proximité de l’autoroute et des transports publics, l’édifice est facilement accessible aux membres de la communauté, venus de toute la Suisse.
En Suisse, depuis les années quatre-vingt, le nombre de fidèles orthodoxes macédoniens s’est accru de manière constante. Venko Stoicov, secrétaire de la paroisse de Triengen, indique: «Nous estimons qu’ils sont entre 10'000 et 15'000. Ils restent en Suisse et ont besoin d’une église.» Une paroisse orthodoxe macédonienne, baptisée d’après saint Naum d’Ohrid, se crée en 1992 déjà. Le désir d’avoir une église dans laquelle la communauté puisse se retrouver et pratiquer sa foi grandit. Il faudra attendre encore sept ans avant que la paroisse ne s’implique directement dans le projet.
En 1999, lors d’une assemblée de paroisse, le conseil propose un projet de construction. L’idée trouve l’appui de la totalité des paroissiens. La même année, la communauté visite le terrain de l’actuel édifice et l’acquiert en 2000.
Puis sept ans s’écoulent avant que ne débute la construction. L’élaboration d’un projet qui obtienne l’assentiment de la majorité prend du temps. En 2003, l’architecte Ljupco Gjorgjiev de Baar élabore un premier plan. Il s’inspire de la tradition architecturale de son pays d’origine – la Macédoine – tout en l’interprétant sous un nouveau jour en prenant en compte le style suisse contemporain. Ainsi, s’il garde le plan cruciforme et la coupole principale, il choisit de donner des formes cubiques aux autres parties de la construction. D’après Armin Wyss, secrétaire communal, la commune de Triengen était ouverte à ce projet. Mais du côté de la paroisse orthodoxe macédonienne, plus le temps passait, plus des voix critiques se faisaient entendre.
Le conseil de paroisse a alors demandé à Todor Paskali, architecte et conseiller du gouvernement macédonien, de proposer un nouveau projet, dont les formes s’approchent du modèle classique. Une ébauche qui, après avoir reçu l’autorisation des autorités compétentes, a été retravaillée par l’architecte Marjan Cvetkovic, de Wald, dans le canton de Zurich, et réalisée par l’architecte Rudolf Bucher, de Schenkon, dans le canton de Lucerne. Afin que l’édifice s’insère mieux dans le paysage, il n’a pas été construit en pierre naturelle – comme les église macédoniennes – mais en béton, crépi de blanc. Pour Armin Wyss, le style traditionnel de l’église n’est pas un problème. « C’est beau. Les gens apprécient. On ne relève aucune résistance notable de la part de la population ». La communauté macédonienne est contente elle aussi. Fier, son secrétaire Venko Stoicov explique : «Elle présente tous les signes de notre religion, comme le plan cruciforme avec la coupole qui sont symboliques dans notre Eglise.»
Le projet de construction reçoit le soutien moral de privés, comme le pasteur Jean-Pierre Vuilleumier de Spreitenbach, où se réunissait auparavant la paroisse macédonienne. Pour les membres de la paroisse, il s’agit d’un ami. De plus, l’église a été soutenue financièrement par de nombreux foyers et a reçu un important montant de l’Eglise catholique romaine du canton de Lucerne. L’architecte Marjan Cvetkovic, lui-même membre de la communauté, travaille bénévolement. Et pour l’entretien de l’édifice, chacun donne un coup de main. « Nous essayons de faire tout par nous-mêmes. Ça nous permet d’économiser beaucoup d’argent. Il suffit que quelqu’un s’annonce pour faire un travail et les fidèles sont nombreux à venir aider », affirme Venko Stoicov.
Venko Stoicov, secrétaire de la paroisse orthodoxe macédonienne, habite à Horw, dans le canton de Lucerne. En Suisse depuis 1993, il travaille dans une entreprise lucernoise d’électronique. Pour lui, il est important que les croyants macédoniens trouvent un soutien spirituel dans l’Eglise. «D’abord, il y avait le désir de construire une église. Puis, le projet a débuté très spontanément.»
Bogdan Kocev, président du conseil de paroisse, habite à Langnau bei Reiden, dans le canton de Lucerne. Depuis 1984 en Suisse, il travaille dans une usine de panneaux stratifiés. «Je me suis engagé dans la construction de l’église parce que c’est ma religion, pour rencontrer les gens et également motiver la génération suivante.»
La paroisse orthodoxe macédonienne ayant déjà discuté de son projet lors de la phase de conception avec les autorités, aucun problème n’est apparu de ce côté. La commune de Triengen a soutenu la démarche. Des voitures, parquées de façon désordonnée, ont suscité des plaintes et une opposition au permis de construire. La paroisse a dû acquérir un terrain de 211 m2 auprès de la commune et développer un service de parking pour les grands événements.
Début mai 2010, l’entrée de l’église – alors encore en construction – a été profanée par des croix gammées. Le seul incident de ce type à avoir eu lieu jusqu’à maintenant.
Les habitants de la commune apprécient la beauté du bâtiment. Durant la construction déjà, la paroisse a reçu à plusieurs reprises des compliments.
L'église orthodoxe compte environ 150 à 170 millions de croyants dans le monde. Bien qu'il existe aujourd'hui 16 différentes églises orthodoxes, celles-ci se comprennent dans un sens théologique comme une seule et même église, indivisible. Les fondements communs de leur foi sont les décisions des sept conciles œcuméniques (jusqu'à et avec le deuxième concile de Nicée en 787 apr. J.-C.). En conséquence, ces décisions sont communes à l'église orthodoxe et à l'église catholique romaine. Néanmoins, les vieilles rivalités et les antagonismes entre le «patriarche œcuménique et archevêque de Constantinople» d'un côté et l'église romaine de l'autre débouchèrent en 1054 sur le schisme d'Orient. Il s'ensuivit une séparation de l'église, entre église catholique-romaine et église orthodoxe, qui n'a jusqu'à nos jours pas été surmontée.
Les églises orthodoxes ont ceci de caractéristique qu'elles sont autocéphales, c'est-à-dire que chacune d'entre elles choisit librement son chef respectif, patriarche, catholicos ou archevêque. C'est ainsi que les églises orthodoxes s'opposent à la prétention de la papauté romaine au primat de la juridiction (pouvoir direct) et à l'infaillibilité pontificale en matière religieuse. Pour les églises orthodoxes, l'infaillibilité ne se trouve fondée que dans l'église dans son ensemble et ne peut être établie qu'au cours d'un long processus. Les églises orthodoxes diffèrent également des autres églises sur le rôle des sacrements et sur la question de la justification (compréhension du péché originel et de la grâce divine).
«Orthodoxe» signifie «conforme à la vraie doctrine»; l'église orthodoxe voit sa mission dans la perpétuation de l'authentique tradition de l'église des apôtres. Parmi les thèmes centraux de la croyance orthodoxe on compte l'action du Saint-Esprit, le salut par l'union avec le divin (theosis) et la compréhension de la sanctification du cosmos tout entier (metamorphosis). Les prêtres sont habituellement mariés mais ne peuvent néanmoins pas contracter un nouveau mariage s'ils deviennent veufs. Les évêques au contraire sont célibataires, et sont principalement choisis parmi les moines. Les monastères ont, dès les temps anciens, une signification importante et apparaissent comme les centres de préservation de l'identité religieuse et culturelle.
L'orthodoxie ne se voit pas en premier lieu comme instance instruisant et moralisant, mais comme une communauté glorifiant Dieu, dont la théologie est fondée sur l'expérience. La liturgie a dans la croyance orthodoxe une place centrale et doit s'adresser à tous les sens. La «sainte et divine» liturgie, le service religieux orthodoxe, dure jusqu'à plusieurs heures durant lesquelles les croyants restent habituellement debout. Des chants, forme liturgique de prière prennent une large place et sont souvent exécutés par des chœurs entraînés. Les instruments sont par contre interdits. Une iconostase (mur d'images) sépare, ou plutôt réunit la nef, où se trouvent les croyants, avec l'autel où le prêtre, diacre ou servant, se tient. La nef symbolise la sphère terrestre, le monde des êtres humains, l'autel en revanche symbolise le royaume des cieux. Pendant la liturgie, le prêtre, représentant de la communauté, se dirige au travers de la «porte du roi», la porte centrale de l'iconostase, vers l'autel de l'abside. Les bougies et l'encens, symbole du parfum des cieux, font partie intégrante de la liturgie en tant qu'expérience sensorielle.