Eglise orthodoxe copte Saint Marc et Saint Maurice
Koptisch-orthodoxe Kirche
der Heiligen Markus
und Mauritius
Im Stapfacker 18
8305 Dietlikon
Type de construction: | Eglise orthodoxe copte |
Superficie bâtie: | 300 m2 (bâtiment) - 1300 m2 (parcelle) |
Hauteur du bâtiment: | 10 m |
Coût: | 1 million SFr. |
Opposition: | Aucune |
Propriétaire: | Verein der koptisch-orthodoxen Kirche der Deutschschweiz |
Date d'acquisition: | Février 2006 |
Tradition religieuse: | Christianisme orthodoxe copte |
Début de l'utilisation: | Mars 2006 |
De la gare de Dietlikon, nous partons direction nord-est le long de la rue Fuchshalde et, après cinq minutes de marche à travers de tranquilles lotissements, atteignons la Schwerzelbodenstrasse. En la suivant vers le nord, nous apercevons rapidement, tout d'abord cachée par quelques grands sapins, une petite église. Un panneau sur le bord de la route nous indique que nous nous trouvons devant l'église orthodoxe copte Saint Marc et Saint Maurice. Au premier coup d'œil, elle ressemble à beaucoup d'autres églises chrétiennes, seuls le panneau et la mosaïque dans l'entrée qui représente la Sainte Famille lors de sa fuite en Egypte, nous renseigne sur les utilisateurs actuels. La communauté a pour voisine une église catholique de style moderne.
L’église a été construite dans les années septante par la communauté néo-apostolique. Après leur départ, le bâtiment a d’abord été loué en 2005 à une communauté orthodoxe serbe, avant d’être acheté par la communauté copte en 2006. Maher Kamal, membre de la communauté copte et ancien président du conseil se souvient: «Nous louions un local dans le quartier de Grünau, à Altstetten. C’était évidemment moins cher, mais nous ne pouvions l’utiliser qu’une fois par mois. On n’avait pas non plus l’impression d’entrer dans une église, c’était simplement une pièce.»
Aujourd’hui, la communauté a trouvé un foyer à Dietlikon : «Pour moi, la motivation principale pour l’achat d’une église était que les personnes puissent s’y sentir à la maison.»
La communauté copte a repris le bâtiment tel quel. Les nouveaux occupants ont seulement ajouté dans l’entrée une mosaïque et une croix, afin de montrer au voisinage qu’ils sont des chrétiens d’Egypte. «Nous n’avons rien transformé. Nous avions bien un projet mais pas l’argent pour le réaliser. Et il était clair pour nous que nous devions faire des compromis. Ne rien transformer, c’était plutôt un petit compromis.»
Maher Kamal a dirigé le conseil de la paroisse copte pendant plusieurs années et s’est engagé de manière décidée pour la nouvelle église. Il a quitté la présidence avant l’achat de l’église mais reste bénévolement actif dans la communauté comme sous-diacre. Il vit depuis 14 ans en Suisse et travaille dans l’informatique. Il s’est personnellement impliqué pour l’achat de l’église de Dietlikon : «J’ai moi-même grandi en Allemagne. On alterne entre deux cultures et on ne sait pas très bien, à laquelle on appartient. Je connais ce sentiment et trouve important d’avoir un appui. C’est ce que représente l’église.»
La communauté copte-orthodoxe entretient de bonnes relations avec la voisinage. Maher Kamal se souvient qu’on faisait preuve au départ d’un peu de scepticisme vis-à-vis des fidèles. Il est cependant très content de la façon dont se sont développées les relations avec le voisinage : «Nous avons un très bon contact avec nos voisins. Lorsque nous avons refait le carrelage dans notre église, l’église catholique en face nous a mis une pièce à disposition jusqu’à la fin de la rénovation, afin que nous puissions y prier. Nous avons également un très bon contact avec l’église réformée. Nous avons demandé aux responsables de nous mettre une pièce à disposition le dimanche pour les rencontres du groupe de jeunes et ils m’ont dit qu’ils étaient d’accord.»
Pendant le Noël orthodoxe 2011, la communauté copte de Dietlikon s’est retrouvée dans les médias suisses. Le nom de la communauté se trouvait sur Internet dans une liste de cibles potentielles d’Al-Qaeda. Après cela, la communauté a célèbré son Noël sous la protection de la police. Les célébrations se sont cependant déroulées sans trouble et depuis, il n’y a pas eu d’autre signe d’une menace imminente.
L’Eglise copte peut être définie comme l’Eglise nationale égyptienne. Le mot copte vient de l’arabe «quibt», lui-même dérivé du grec «aigyptios» qui signifie égyptien.
Les origines du christianisme en Egypte restent aujourd’hui encore obscures. Si l’on en croit la légende, saint Marc, que la tradition décrit comme le premier évêque d’Alexandrie, serait le père fondateur de l’Eglise. Par la fondation d’une école catéchétique, Marc fit de l’Egypte un centre spirituel de la chrétienté. C’est dans ce dernier que le christianisme égyptien prend racine et se développe – largement influencé par le monachisme - depuis le premier siècle de manière indépendante et originale. Bien que l’Eglise soit souvent décrite, même dans ses propres textes, comme l'Eglise orthodoxe copte, il ne s’agit pas d’une Eglise orthodoxe dans le sens strict. En l'an 451 déjà, après le concile de Chalcedoine, il y eut une profonde rupture avec l'Eglise byzantine, qui s’explique plus par le rejet, par les coptes, des influences culturelles helléniques, que par des différences théologiques. Sur le plan théologique toutefois, l'Eglise impériale byzantine reprocha à l'Eglise copte d'être tenante du monophysisme, doctrine selon laquelle la personne de Jésus-Christ est uniquement de nature divine et non également de nature humaine. Cette accusation ne fut abandonnée qu'en 1984, au travers d’une déclaration commune du pape Jean-Paul II et du patriarche syriaque orthodoxe Mar Ignatius Zakka II.
Dès le VIIème siècle, la domination arabo-musulmane plaça l'Eglise copte dans une situation nouvelle, souvent difficile. Jusqu'au XIXème siècle, le rapport entre l'islam et le christianisme oscilla continuellement entre tolérance et persécution. L'apparition mariale à l'église de Zeitoun (Egypte), le rapatriement des reliques de saint Marc au Caire et l'inauguration de la cathédrale Saint-Marc en 1968, furent à l'origine d'une période d'enthousiasme et de revitalisation dans l'Eglise copte.
La liturgie copte et son cérémoniel ont gardé jusqu’à aujourd’hui quelques caractéristiques d’un achaïsme apparent. Le plus souvent, on utilise la liturgie de saint Basile. La Divine liturgie est célébrée dans un mélange d’arabe et de copte et complétée par les langues nationales respectives. Tout comme l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes, l’Eglise copte reconnaît sept sacrements. L’eucharistie est célébrée avec la participation des hommes, femmes et enfants. Les croyants sont rendus actifs au travers des rites, des nombreuses répétitions et acclamations ainsi que des chants, et des prières à haute voix ou silencieuses.
Le chef de l’Eglise copte, nommé officiellement «Pape d'Alexandrie et patriarche de la Prédication de Saint Marc et de toute l'Afrique», a depuis 1971 son siège officiel au Caire. Jusqu’en mars 2012, le pape Chenouda III – considéré comme le 117ème successeur direct de saint Marc - occupait cette fonction. La communauté copte mondiale est divisée en plus de 40 éparchies (diocèses) et compte 10 à 12 millions de membres. En Suisse, des heures de lecture de la Bible sont organisées régulièrement depuis 1962, et ce jusqu’à la prise de fonction, le 6 mai 1984, du Père Serapion, premier prêtre copte officiel de Suisse. Sous son impulsion, on mit en place et on développa le service religieux en Suisse. Aujourd’hui, les centres de l’Eglise copte en Suisse se trouvent à Genève (Eglise de la Vierge Marie), Zurich (communauté de Saint Marc dans les locaux de l’académie Saint Paul) et à Dietlikon (Eglise Saint Marc et Saint Maurice). La communauté copte en Suisse comprend environ 800 membres.
L’église copte de Dietlikon n’est pas une église orthodoxe dans le sens traditionnel du terme. Par manque de place, on a renoncé à l’iconostase. A la place, on a suspendu les icônes contre le mur, derrière l’autel. De plus, l’église n’est pas orientée vers l’est, mais vers l’ouest, raison pour laquelle elle n’a pas été inaugurée. Plusieurs membres de la communauté s’interrogent par conséquent: le bâtiment pourrait-il être tourné de 180 degrés? La communauté pourrait-elle acheter un édifice orienté à l’est ou en construire un? Pour l’instant, il n’y a cependant pas de plans concrets.
Sur le toit de l’église, Swisscom a posé une antenne, ce qui a conduit la population de Dietlikon à déposer un recours. La communauté copte ne se fait pour sa part pas de souci quant aux ondes et se réjouit de la rentrée d’argent supplémentaire que représente la location.