Église grecque-orthodoxe de la Sagesse Divine
Griechisch-orthodoxe Gemeinde der Nordwestschweiz
Gladiolenstrasse 2
4142 Münchenstein
Type de construction: | église grecque-orthodoxe |
Superficie bâtie: | environ 1000 m2 (parcelle) |
Hauteur du bâtiment: | 14 m |
Coût: | 5,5 millions SFr. |
Opposition: | oui |
Maître d'ouvrage: | Stiftung griechisch-orthodoxe Kirche Basel |
Architecte: | Denis N. Kopitsis, Wohlen |
Pose de la première pierre: | 19 janvier 2002 |
Période de construction: | 10 mois |
Inauguration: | 12 octobre 2003 |
Tradition religieuse: | orthodoxe grecque |
Du début du projet jusqu'à l'inauguration: | environ 15 ans |
La personne qui, à la gare de Bâle, prend le tram 10 en direction Arlesheim-Dornach et descend à la halte «Zollweiden» à Münchenstein, n'a pas besoin de chercher longtemps. Derrière la ligne de tram et le giratoire de la Baselstrasse se dresse une église de couleurs blanche et grise: une tour au sommet de laquelle s'élève une croix et dont on peut voir les cloches par les ouvertures cintrées, un bâtiment principal presque aussi haut que la tour et pourvu d'une coupole couronnée d'une croix et des arcades recouvrant l'entrée. La clôture en fer forgé, ornée de chrismes, sépare le terrain de l'église du trottoir le long du giratoire et de la route. En faisant le tour de l'église, on remarque qu'elle est construite en bordure d'un quartier d'habitations et qu'elle est dotée d'une petite aile pour le logement du prêtre. On constate également que les fondations de l'édifice forment une croix − avec la coupole, voilà une claire indication qu'il s'agit d'une église orthodoxe. A l'entrée principale, une affiche donnant les horaires des liturgies en langue grecque nous informe que nous trouvons devant Hagia Sophia, l'église grecque-orthodoxe de la Sagesse Divine.
Au début, le nord-ouest de la Suisse constituait une seule paroisse. Le week-end, un prêtre du centre orthodoxe de Chambésy venait à Olten et à Bâle afin de célébrer la liturgie pour les grecs orthodoxes de ces régions. Pendant plus de trente ans, la communauté grecque-orthodoxe fut accueillie à l'église Saint-Alban de Bâle, tout comme la communauté serbe-orthodoxe. Le désir d'avoir une église propre se développa à la fin des années quatre-vingts. Deux femmes jouèrent un rôle déterminant dans la réalisation de ce projet: la psychiatre Soumela Terzani et Asimina Kominou, qui vit à Athènes. Cette dernière, ainsi que sa famille fortunée, financèrent l'édifice en grande partie. Le docteur Terzani, qui fut jusqu'à fin septembre 2008 vice-présidente de la paroisse, s'engagea à la fois sur le plan financier et organisationnel.
On ne trouva pas facilement un terrain. La ville de Bâle ne soutint aucunement la communauté, raison pour laquelle on chercha une parcelle disponible également dans les environs. En 1999, après plusieurs années de recherche, la commune de Münchenstein accepta de vendre le terrain de la Gladiolenstrasse.
La communauté dut cependant vaincre les résistances du voisinage. Alors que les autorités de la commune avaient rapidement pris une attitude favorable, il fallut plus de temps à la population du quartier pour accepter le projet. Manifestement, on eut, à cause du nom «orthodoxe» et de l'origine étrangère des croyants, peur que des immigrés fanatiques et potentiellement violents ne s'installent et ne se replient sur leur communauté. Il fallut deux ans au cours desquels on tenta d'expliquer la situation à la population et d'innombrables visites du métropolite (évêque) de Chambésy afin de dissiper les doutes. A la fin, seules six personnes firent opposition et on régla les dissensions par une indemnité. Le 19 janvier 2002, le patriarche œcuménique Bartholomée I put poser la première pierre, dix mois plus tard le bâtiment était terminé. Il ne fut cependant inauguré qu'à l'automne suivant.
Sur le plan architectural, l'église de la Sagesse Divine s'inspire de deux traditions: par ses fondations cruciformes et sa coupole symbolisant le cosmos, la voûte céleste, elle appartient à la tradition orthodoxe − le Conseil de fondation avait d'ailleurs clairement expliqué à la commune de Münchenstein que seul un bâtiment de ce type pouvait être construit. Ainsi, l'église est un petit bout de patrie pour les membres de la communauté. Néanmoins, le bâtiment ne se différencie pas, au premier abord, des nombreuses autres églises catholiques ou réformées de Suisse. Le clair espace intérieur avec l'iconostase, les peintures et le mobilier liturgique sont manifestement ceux d'une église orthodoxe. C'est même dans un cloître grec que furent peintes sur un tissu les fresques qu'on peut admirer sur le mur de l'abside.
Depuis quelques temps, la communauté de Münchenstein est en mutation. Le prêtre précédent, P. Dimitrios Korakas, ne dirige plus la paroisse et son successeur n'a pas encore été désigné. Des membres qui avaient siégé de longues années au Conseil de paroisse se sont récemment retirés.
L'église n'est aujourd'hui plus un sujet de conflit. La communauté invite les voisins et les informe, en particulier lors de la Pâque orthodoxe qui tombe rarement à la même date que la fête de Pâques des églises occidentales. Dans la nuit du dimanche de la Pâque orthodoxe, une liturgie importante est célébrée, parfois jusqu'à trois heures du matin, raison pour laquelle on entend des voix et les bruits des moteurs ou des portes d'autos. Les cloches sonnent alors à minuit. De façon générale, il n'y a pas de problème de places de parc au cours de l'année car de nombreux croyants viennent en tram. Des personnes qui ne sont pas grecques-orthodoxes, comme des Russes, des Bulgares, des Ethiopiens ou des Coptes, viennent également à l'église de la Sagesse Divine.
L'église orthodoxe compte environ 150 à 170 millions de croyants dans le monde. Bien qu'il existe aujourd'hui 16 différentes églises orthodoxes, celles-ci se comprennent dans un sens théologique comme une seule et même église, indivisible. Les fondements communs de leur foi sont les décisions des sept conciles œcuméniques (jusqu'à et avec le deuxième concile de Nicée en 787 apr. J. C.). En conséquence, ces décisions sont communes à l'église orthodoxe et à l'église catholique romaine. Néanmoins, les vieilles rivalités et les antagonismes entre le «patriarche œcuménique et archevêque de Constantinople» d'un côté et l'église romaine de l'autre débouchèrent en 1054 sur le schisme d'Orient. Il s'ensuivit une séparation de l'église, entre église catholique-romaine et église orthodoxe, qui n'a jusqu'à nos jours pas été surmontée.
Les églises orthodoxes ont ceci de caractéristique qu'elles sont autocéphales, c'est-à-dire que chacune d'entre elles choisit librement son chef respectif, patriarche, catholicos ou archevêque. C'est ainsi que les églises orthodoxes s'opposent à la prétention de la papauté romaine au primat de la juridiction (pouvoir direct) et à l'infaillibilité pontificale en matière religieuse. Pour les églises orthodoxes, l'infaillibilité ne se trouve fondée que dans l'église dans son ensemble et ne peut être établie qu'au cours d'un long processus. Les églises orthodoxes diffèrent également des autres églises sur le rôle des sacrements et sur la question de la justification (compréhension du péché originel et de la grâce divine).
«Orthodoxe» signifie «conforme à la vraie doctrine»; l'église orthodoxe voit sa mission dans la perpétuation de l'authentique tradition de l'église des apôtres. Parmi les thèmes centraux de la croyance orthodoxe on compte l'action du Saint-Esprit, le salut par l'union avec le divin (theosis) et la compréhension de la sanctification du cosmos tout entier (metamorphosis). Les prêtres sont habituellement mariés mais ne peuvent néanmoins pas contracter un nouveau mariage s'ils deviennent veufs. Les évêques au contraire sont célibataires, et sont principalement choisis parmi les moines. Les monastères ont, dès les temps anciens, une signification importante et apparaissent comme les centres de préservation de l'identité religieuse et culturelle.
L'orthodoxie ne se voit pas en premier lieu comme instance instruisant et moralisant, mais comme une communauté glorifiant Dieu, dont la théologie est fondée sur l'expérience. La liturgie a dans la croyance orthodoxe une place centrale et doit s'adresser à tous les sens. La «sainte et divine» liturgie, le service religieux orthodoxe, dure jusqu'à plusieurs heures durant lesquelles les croyants restent habituellement debout. Des chants, forme liturgique de prière prennent une large place et sont souvent exécutés par des chœurs entraînés. Les instruments sont par contre interdits. Une iconostase (mur d'images) sépare, ou plutôt réunit la nef, où se trouvent les croyants, avec l'autel où le prêtre, diacre ou servant, se tient. La nef symbolise la sphère terrestre, le monde des êtres humains, l'autel en revanche symbolise le royaume des cieux. Pendant la liturgie, le prêtre, représentant de la communauté, se dirige au travers de la «porte du roi», la porte centrale de l'iconostase, vers l'autel de l'abside. Les bougies et l'encens, symbole du parfum des cieux, font partie intégrante de la liturgie en tant qu'expérience sensorielle.
Info
Texte: Andreas Tunger-Zanetti
Photos : Andreas Tunger-Zanetti
Remerciement
Nous remercions le docteur en théologie Maria Brun de Lucerne pour les innombrables informations importantes qu'elle nous a fournies en rapport avec ce portrait de bâtiment.
«Coupole − Temple − Minaret» est un projet du Centre de recherche sur les religions, Lucerne
Dernier remaniement : 19/04/2016
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