Centre bouddhiste Wat Srinagarindravararam
Buddhistisches Zentrum
Wat Srinagarindravararam
Im Grund 7
5014 Gretzenbach
Type de construction: | monastère bouddhiste (wat) avec un temple (ubosoth) |
Superficie bâtie: | 570 m2 (bâtiment) - 3401 m2 (parcelle) |
Hauteur du bâtiment: | 25,7 m (tour) |
Coût: | environ 5'000'000 SFr. |
Opposition: | Aprescription de la Commission des constructions au sujet du nombre de places de parc |
Maître d'ouvrage: | Somdetyas Foundation for Wat Srinagararindravararam |
Architectes: | Günter Hildebrand (1ère et 2ème étapes de la construction) et Marcel Niedermeier (3ème étape) |
Pose de la première pierre: | 1993 |
Début de la construction: | 1995 |
Période de construction: | environ 2 ans |
Inauguration: | 28 Juin 2002 |
Tradition religieuse: | bouddhisme theravada |
Du début du projet jusqu'à l'inauguration: | environ 14 ans |
Gretzenbach, Staldenacker. Pendant que le bus venant de Schönenwerd poursuit sa route en direction du centre du village, nous descendons la rue Unterdorf, passons le Wissbächli et laissons le restaurant Frohsinn sur notre gauche. Cinquante mètres plus loin commence la petite zone industrielle, «Im Grund», de cette commune de 2'500 habitants, entre Olten et Aarau. Pourtant, ce ne sont pas des constructions industrielles que nous voyons ici, mais un complexe de bâtiments richement décorés et un toit dont les couches successives s'élèvent vers le ciel. Des pointes d'or, semblables à des flammes, ondulent les unes à côté des autres et parent les étages du toit. A son faîte, une flèche également dorée s'élance. Un long parking en gravier, à proximité des bâtiments et en bordure d'un verger, détonne également dans l'environnement rural. Au loin se dresse, dans un étonnant contraste, un immense cylindre de béton: la tour de refroidissement de la centrale nucléaire de Gösgen, flanquée de lignes à haute tension et envoyant des nuages de vapeur vers le ciel. A l'entrée de l'édifice religieux, des lettres dorées, dans l'étrange écriture thaïlandaise, sont tracées sur du verre. Directement en dessous, est inscrite la traduction en écriture latine: «Wat Srinagarindravararam − Buddhistisches Zentrum».
La Vereinigung Wat Thai fut fondée le 18 novembre 1984 dans le but d'inviter des clercs thaïlandais en Suisse. C'est ainsi qu'au printemps 1988, Phra Phuttiwongsamuni et le docteur Phramaha Thongsoon Rongthong Suriyajoto (aujourd'hui abbé du cloître sous le nom de Phrathep Kittimoli) parcoururent la Suisse de manière à découvrir si un séjour plus long de moines bouddhistes, voire la fondation d'un centre bouddhiste thaï, étaient souhaités et appropriés. L'abbé Phrathep Kittimoli explique: «Nous ne sommes pas venus en Suisse parce que nous le désirions personnellement − nous avons été invité par la Vereinigung Wat Thai.» Par la suite, un projet pilote fut développé à Bassersdorf: on loua une petite maison pour deux moines bouddhistes. Or la maison était trop petite pour l'activité croissante du centre, raison pour laquelle l'association se mit à chercher un terrain pour construire un nouveau wat (cloître), de plus grande taille. C'est finalement à Gretzenbach que l'on trouva le terrain recherché.
La construction eut lieu en trois étapes. De 1992 à 1993, on acheta le terrain et construisit le mur d'enceinte. Puis entre 1994 et 1995, on construisit une maison d'habitation pour les moines, un clocher, une sala (pavillon ouvert) et deux reliquaires («King Rama V Pavillon» et «China-Pavillon») sous la direction de l'architecte Grünther Hildbrand.
Lors de la troisième étape, on construisit le ubosoth, le bâtiment religieux principal du wat sous la direction architecturale de Marcel Niedermeier. C'est en 2000 que le permis de construire, subordonné à des prescriptions au sujet des places de parc, fut accordé. Jusqu'à la construction de ces dernières sur le terrain nouvellement acquis, les visiteurs du temple pouvaient utiliser les places de parc publiques de la commune.
L'ubosoth fut conçu dans le style traditionnel thaïlandais et assorti d'une tour recouverte de feuilles d'or, le mondop. Des peintres thaïlandais renommés parèrent de peintures les murs et le plafond de la salle de l'office religieux. Au sous-sol, on installa une salle polyvalente.
Le soutien de la maison royale thaïlandaise fut décisif pour la réalisation du temple. Somdet Phra Srinagarindra, la mère du roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej, offrit personnellement plus d'un million de francs, raison pour laquelle le temple bouddhiste lui est dédié et porte son nom. Le 28 juin 2003, l'ubosoth fut inauguré par la princesse Galayani Vadhana, la sœur du roi, qui avait également fait don d'une somme conséquente au wat. Plus de cinquante moines thaïlandais et sept mille hôtes assistèrent aux célébrations qui durèrent deux jours. L'ubosoth est le premier temple bouddhiste construit en Europe.
Phrathep Kittimoli, de son nom de baptême Phramaha Thongsoon Rongthong Suriyajoto, fut abbé du monastère provisoire de Bassersdorf de 1988 à 1995. Depuis 1996, il dirige le wat de Gretzenbach. Il est également président du Conseil de fondation de la Somdetyas Stiftung für das Wat Srinagarindravararam. Phrathep Kittimoli vint en Suisse, avec l'abbé Phraphuttiwongsamuni, pour mesurer la nécessité d'avoir un cloître thaïlandais et fut responsable de la conception et de la réalisation du wat srinagarindravararam.
Phrathep Kittimoli décrit le voisinage comme «très sympathique et très serviable» ; quelques personnes sont même venues dans le temple afin qu'il leur apprenne la méditation. Des problèmes, par exemple des déprédations sur les bâtiments, n'ont jamais eu lieu. D'après les données du monastère, le temple suscite un afflux continu de personnes et le nombre des visiteurs a encore augmenté depuis que les peintures sur les murs et le plafond ont été réalisées. Il y a également beaucoup de «visiteurs suisses» venant s'informer auprès de l'abbé sur le bouddhisme et sur la signification du wat. Donner un soutien religieux aux bouddhistes suisses de tradition theravada fait également partie de la mission du cloître, ainsi que de célébrer des cérémonies comme le mariage, la consécration ou le culte des morts.
Un signe de la capacité d'adaptation de la communauté bouddhiste de Gretzenbach apparaît dans une peinture murale de l'ubosoth: au milieu des motifs bouddhistes, se trouve, de façon inattendue, un homme en habits traditionnels bernois, soufflant dans un cor des Alpes, et un enfant avec un drapeau suisse.
On considère que Siddhartha Gautama, qui devint plus tard le «Bouddha», vécut au VIème ou Vème siècle avant Jésus-Christ dans le nord de l'Inde. Néanmoins, de récentes recherches inclinent plutôt à penser qu'il ait vécu entre le Vème et le IVème siècle avant notre ère.
L'enseignement de Bouddha est considéré comme «la voie du milieu»: ni une vie de volupté et de débauche, ni l'ascèse et l'auto-flagellation ne peuvent mener à la connaissance et à l'illumination. Il faut se tenir loin des extrêmes et mener sa vie de manière vigilante et désintéressée. Bouddha conserva les concepts de réincarnation et de karma issus de la tradition brahmanique. Ainsi tous les êtres, terrestres ou vivant au-delà de la sphère terrestre, sont soumis, de façon identique, aux conséquences de leurs actes (en sanscrit «karma» et en pali «kamma»). Cela signifie que la vie présente, ainsi que la suivante, sont déterminées par les actes bons ou mauvais et que l'homme est prisonnier d'un cyle de renaissances (samsara). Tout étant éphémère, il n'existe ni être ni bonheur éternel. L'enseignement bouddhiste vise à dominer les conceptions erronées et l'insatisfaction (dhukka) qui en découle.
Une première division du bouddhisme est à l'origine de la religion pratiquée aujourd'hui majoritairement au Sri Lanka, au Myanmar, en Thaïlande, au Laos et au Cambodge. Ce mouvement se nomme «theravada», la «doctrine des anciens». Ses adhérents prétendent en effet enseigner de la même façon que Bouddha. La majorité des bouddhistes appartient cependant au bouddhisme «mahayana» (grand véhicule), apparu au début de l'ère chrétienne et répandu aujourd'hui en Chine, au Vietnam, en Corée et au Japon. Enfin, l'école tibétaine du bouddhisme, nommée «vajrayana», se trouve au Tibet, dans les régions de l'Himalaya et en Asie centrale.
De façon imagée, on peut comparer le Bouddha au médecin et l'enseignement bouddhique au médicament qui permet de dominer la souffrance. La communauté bouddhiste (sangha) représente alors l'infirmier qui fait usage du médicament et conserve l'enseignement. L'idéal religieux des bouddhistes theravada s'incarne dans la pratique monacale et dans la personne de l'«arhat», un saint ayant reçu l'illumination de son vivant. Pour les adeptes du bouddhisme mahayana, l'idéal se trouve incarné dans le bodhisattva. Ce dernier repousse son «entrée dans le nirvana» par compassion afin d'aider les autres êtres à atteindre l'illumination.
Dans les monastères européens, on tente de maintenir le plus possible les traditions monacales d'Asie. Les innovations ne sont cependant pas exclues. Par exemple, la «quête d'aumône» typique du bouddhisme thaïlandais n'est ici que rarement pratiquée, car les trajets sont trop longs et que cette pratique est inhabituelle pour l'environnement culturel. C'est pourquoi les laïcs viennent dans le cloître de Gretzenbach afin de déposer de la nourriture dans les bols des moines.
On peut distinguer deux types de pratique bouddhiste en Europe: les bouddhistes originaires d'Asie participent aux célébrations, vont suivre un enseignement ou faire un don dans les monastères et les temples. Les convertis (occidentaux) au bouddhisme mettent, par contre, l'accent sur l'étude des textes et les exercices de méditation.
Dans le monde vivent à peu près 400 millions de bouddhistes, dont 1 million et demi en Europe. Il faut toutefois prendre en compte que l'appartenance au bouddhisme n'exclut pas l'appartenance à une autre religion, par exemple environ 70% des Japonais se considèrent à la fois comme shintoïstes et bouddhistes. 25'000 bouddhistes, dont la plus grande partie est d'origine étrangère, vivent actuellement en Suisse. Beaucoup d'entre eux ont été naturalisés. On remarque que deux tiers des bouddhistes sont des femmes et que la tranche d'âge de 20 à 39 ans est la plus représentée. Pour beaucoup des 10'000 citoyens et citoyennes thaïlandais, le wat de Gretzenbach représente une patrie culturelle et religieuse à l'étranger.
Par l'école du dimanche bouddhiste, le temple veut donner «son apport à la formation religieuse et à l'éducation de la communauté bouddhiste de Suisse». A côté de la religion et de la philosophie bouddhiste, la culture et la langue thaïlandaise sont enseignées aux enfants et adultes par des moines ou des auxiliaires laïcs. Des cours de sculpture de fruits ainsi que de boxe thaï sont aussi proposés.
En été, un noviciat de deux semaines avec des enseignements pour les garçons et les jeunes hommes se tient au wat. La plupart des participants viennent de familles thaïlandaises ou de mariages mixtes helvéto-thaïlandais.