Temple Sri Manonmani Ampal
Sri Manonmani Ampal Tempel
Miesernweg 13
4632 Trimbach
Type de construction: | temple |
Superficie bâtie: | 800 m2 (bâtiment) - 5380 m2 (parcelle) |
Hauteur du bâtiment: | 14,2 m |
Coût: | 3-4 millions SFr. |
Opposition: | une, concernant l'accès au temple |
Maître d'ouvrage: | l'Association pour la promotion de la culture tamoule en Suisse |
Date d'achat: | 5 juillet 2005 |
Tradition religieuse: | shivaïsme et shaktisme |
Pose de la première pierre: | 28 mai 2006 |
Début de la construction: | août 2008 |
Début de l'utilisation: | 30 mai 2010 |
Inauguration: | 14 mars - 4 mai 2013 |
Partant d'Olten, la personne qui désire « se rendre » en Inde du Sud ou au Sri Lanka peut prendre en direction du Jura, au nord-ouest. Dans le village voisin de Trimbach, elle devra suivre la rue principale jusqu'à croiser la ligne de train qui conduit à Sissach et le Dorfbach - un ruisseau - qui s'échappe d'une trouée dans la première chaîne du Jura. Ici, la nouvelle Hauensteinstrasse fait ses premiers détours et les motards se retrouvent volontiers au restaurant « Isebähnli ». A gauche, on voit la petite zone industrielle de Miesern, où des voitures sont réparées, et où sont produits des sacs à dos de l'armée suisse, des matériaux de construction et des tissus de protection contre le feu. Après au moins 200 mètres, commencent sur la droite des cultures maraîchères et des prairies. Sur la gauche, un petit pont enjambe le Dorfbach. C'est alors qu'on remarque le bâtiment construit au fond d'une grande cour en gravier : des murs, décorés de rayures verticales rouges et blanches, que domine une tour de béton gris. L'entrée et la tour plus petite située à l'arrière de la construction surprennent par leurs décorations détaillées, d'un jaune clair parsemé de figures exotiques roses. Le visiteur se trouve dans le temple de la déesse hindoue Sri Manonmani Ampal.
En 1999, le désir des croyants d'avoir un lieu approprié pour vénérer leur déesse s'est renforcé. Comme l'a dit Vasantharajan Ramalingam, l'ancien président de l'Association pour la promotion de la culture tamoule en Suisse, après l'inauguration en 2013, il ne s'agissait pas uniquement d'avoir suffisamment des mètres carrés : « J'ai toujours eu en tête la deuxième génération, ici en Suisse, déjà il y a 20 ans. Nous devons conserver leur religion et culture, et pour ce faire nous avons besoin d'avoir un centre ici, une patrie. » Il a également été décidé que le nouveau temple devrait ressembler à un édifice du Sri Lanka ou du sud de l'Inde et qu'il serait construit selon les règles très précises de la tradition religieuse. L'exemple du temple Sri-Kamadchi-Ampal construit à cette époque dans la ville de Hamm en Westphalie et inauguré en 2002, était également encourageant.
Ramalingam sut rapidement convaincre l'architecte Günter Hildebrand. Celui-ci habitait à proximité et s'était déjà fait un nom comme architecte de temple avec la conception du cloître bouddhiste thaï de Gretzenbach (Wat Srinagarindravararam) situé à neuf kilomètres à l'est.
Par l'entremise de l'architecte, l'association put acheter en 2005 à un bon prix le terrain de Miesern, qui par sa proximité avec la montagne, la forêt et le ruisseau correspondait parfaitement aux prescriptions religieuses. Les contacts avec les polices des constructions communales et cantonales se sont révélés constructifs. Ainsi, en 2005, le concept et l'étude de faisabilité furent acceptés et, en 2007, la demande de permis de construire pu être déposée. Avant cela, le prêtre Sivasri Pangusa Kurukkal et l'architecte Günter Hildebrand avaient déjà posé la première pierre. Sa place, calculée au millimètre près d'après les prescriptions religieuses, fut déterminée par des experts de Chennai (anciennement Madras) dans le sud de l'Inde. Une opposition concernant l'accès à la parcelle fit prendre un peu de retard à la construction, mais dès août 2008, le projet alla rapidement de l'avant.
En février 2009 déjà, le gros œuvre était achevé. La décoration intérieure pris cependant quatre années encore. Seuls des hindous avec des connaissances spécifiques étaient autorisés à créer les arrangements religieux. Les spécialistes sont ainsi venus de Chennai, à chaque fois pour quelques mois. Leur intervention nécessitait des démarches administratives, mais également des moyens financiers considérables, récoltés plus lentement qu'espéré.
Mais au printemps 2013, le 14 mars exactement, dix prêtres venus de Suisse et de l'étranger purent commencer les premiers rituels. Le temps fort des célébrations eut lieu le dimanche 17 mars, avec le baptême du vimanam, la tour à l'arrière du temple qui se dresse exactement au-dessus de l'autel principal de la déesse Sri Manonmani. Après sept semaines de rituels spécifiques, l'inauguration se termina sur la fête des 1008 escargots de mer, pour laquelle 1008 coquilles de Turbinella pyrum, sont effectivement utilisées.
En raison d'un manque d'argent, la plus haute des deux tours du temple, le gopuram qui surplombe l'entrée, ne fut d'abord pas décorée. Parce qu'elle a, religieusement parlant, moins d'importance que le petit vimanam, l'inauguration put cependant avoir lieu. Les travaux de décoration par des spécialistes hindous étaient repris en 2018-2019 et l'inauguration eu finalement lieu le 15 septembre 2019.
Nadarasalingam Sathasivam et Vaseekaran Nadarajah sont membres du conseil de l'Association pour la promotion de la culture tamoule en Suisse depuis la fondation de cette dernière en 1993. En avril 2014, un mois après la mort inattendue du président de longue date Vasantharajan Ramalingam, ils ont repris les fonctions de direction. Sathasivam est devenu le nouveau président, Nadarajah le caissier.
Sathasivam travaille dans une usine de plastique près de Langenthal. Nadarajah tient un magasin d'alimentation asiatique à Olten. Les deux sont souvent présents dans le temple et donnent un coup de main : aussi bien à la cuisine que lors de fêtes religieuses, lorsque c'est un honneur de porter la statue de la déesse en procession autour de temple.
Même si le temple se situe dans la nature, il a des voisins. En direction de l'entrée de la vallée, on trouve une poignée d'exploitations industrielles, alors qu'en remontant dans l'autre sens, on tombe sur le club de golf d'Heidental. Une des exploitations industrielles avait fait opposition lors de la demande de permis de construire, car l'accès au temple devait se faire à l'origine à travers son terrain. Il fut par conséquent décidé que le temple aurait son propre accès et construirait pour ce faire un petit pont sur le Dorfbach.
Pour construire la tour qui se dresse à l'entrée du temple, le gopuram l'association avait besoin d'une dérogation.Avec ses 14,17 mètres, elle correspond aux proportions dérivant des prescriptions religieuses. Mais elle dépasse cependant les 13,50 mètres qui correspondent à la limite supérieure de construction dans la zone industrielle de Trimbach. Le gouvernement soleurois a entériné ce petit dépassement le 4 octobre 2005 avec le concept architectural.
Un accord fut également nécessaire avec le club de golf voisin, parce que le practice, où les joueurs exercent leurs swings, se situe juste en dessus du temple. Au début, un mur de protection de plusieurs mètres de haut devait remplacer dans la partie basse du terrain de golf la clôture arrivant à hauteur de poitrine. Mais depuis que le club de golf a renforcé le règlement d'utilisation du practice, il semble que seules quelques balles isolées volent dans la cour du temple. Cela peut cependant arriver.
« Hindouisme » est un terme générique désignant un grand nombre de religions très différentes du sous-continent indien. Les sciences des religions lui préfèrent souvent les désignations de « religions hindoues » ou de « traditions hindoues ». Leurs origines remontent à la civilisation de la vallée de l'Indus (troisième millénaire avant Jésus-Christ). Les plus anciennes hymnes sacrées, les Rig-Véda - longtemps transmises uniquement oralement - sont apparues à la fin du deuxième millénaire avant Jésus-Christ, suivies d'autres véda (« veda » signifie « connaissance »). Parmi les textes que les croyants considèrent comme révélés, on trouve également les enseignements des Upanishad (800 à 500 avant Jésus-Christ). Plus tardives, les histoires du poème épique Mahâbhârata - dont la plus célèbre en Occident est la Bhagavadgita - sont populaires parmi les hindous, ainsi que le Râmâyana (élaboré entre 500 avant et 100 après Jésus-Christ) et les contes mythologiques des Purana (300 à 900 après Jésus-Christ). Les sutra, enseignements utilisés également dans le service cultuel, complète la large base textuelle des traditions hindoues.
Les récits décrivent un monde confus de divinités (Vishnu, Shiva, Durga, Ganesh, Krishna, etc) et leurs incarnations sur terre (avatars), en héros ou héroïnes, en êtres mythiques ou simples mortels. D'après l'indologue Heinrich von Stietencron les religions hindoues partagent « le système des castes, la reconnaissance des véda comme textes sacrés révélés et la croyance dans l'enseignement de la réincarnation », mais cependant de manière limitée car « rien de tout cela n'est obligatoire pour toutes les religions, beaucoup peut au choix être accepté ou refusé » (TRE, partie 4.1). Au centre de la réflexion religieuse on trouve l'ordre cosmique et moral (dharma) et la façon dont l'homme s'inscrit dans ce dernier. A la mort, l'âme chemine dans un nouveau corps. La destination de l'âme est déterminée en fonction de la valeur des actes (karma) effectués dans la vie précédente. Autrement dit: si le comportement est en accord avec le dharma, le karma sera bon et la réincarnation avantageuse. Les textes et les complexes doctrines hindoues ne sont cependant souvent connues que par les castes supérieures, et encore partiellement. Pour la plupart des hindous, la dévotion et la foi dans les dieux et dans leur interférence dans la vie personnelle occupe le premier plan.
Agir en accord avec l'ordre cosmique et moral dépasse le seul domaine cultuel et comprend également le quotidien y inclus les relations sociales. Par exemple le système des castes, selon lequel reviennent à chaque groupe professionnel certains rôles sociaux et contacts, et pas d'autres. Bien que considéré officiellement comme caduc en Inde, ce système imprègne aujourd'hui encore le monde du travail et les relations sociales, en particulier dans le choix du partenaire, et ce même dans la diaspora. Des normes similaires déterminent la conduite convenable à adopter en fonction de l'âge ou du sexe de la personne.
Les mariages tamouls sont importants pour le temple Sri Manonmani Ampal. Les couples fraîchement mariés au civil demandent aux dieux le bonheur pour leur mariage. Pour que leurs familles puissent les prendre en photo, ils posent dans la niche de mariage conçue à cet effet, avec vue sur le dieu Ganesh, celui qui balaye tous les obstacles et avec lequel les hindous commencent souvent un nouveau projet. Lorsque les invités du mariage font la fête dans une salle des alentours de Trimbach, l'équipe du temple offre un service de traiteur, obtenant ce faisant d'importants revenus complémentaires pour l'association.
A Trimbach, l'association organise son propre cours de langue et culture tamoules pour les enfants et les adolescents. Les danses, que les filles apprennent là-bas, sont parfois présentées au temple.
« Der Hindutempel in Trimbach » est le titre d'une publication du Centre pour la recherche sur les religions. Elle développe plus encore le processus d'édification du temple, décrit ses éléments de construction et le déroulement des semaines d'inauguration. De plus, elle trace le portrait des dieux les plus importants et replace le projet de construction du temple dans le cadre plus général de la diaspora tamoule d'Europe de l'ouest et du paysage religieux diversifié de la Suisse. (pour commander l'ouvrage) (Commander la publication)
Littérature
Martin Baumann / Andreas Tunger-Zanetti: Der Hindutempel in Trimbach. Von der Idee bis zur Einweihung, unter Mitwirkung von Rafaela Eulberg, Elsbeth Iten, Beatrice Mahrer und Naomi Ruef, Luzern: Universität Luzern, Zentrum Religionsforschung, Juni 2014. 80 Seiten, zahlr. Abb.
ISBN 978-3-033-04601-6
Info
Texte: Andreas Tunger-Zanetti
Photos: Elsbeth Iten (2, 7, 8), Andreas Tunger-Zanetti (1, 5, 9, 10), Martin Baumann (3, 5), Association pour la promotion de la culture tamoule en Suisse (5)
« Coupole − Temple − Minaret » est un projet du Centre de recherche sur les religions, Lucerne
Dernier remaniement : 11/10/2019
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