Église Copte Orthodoxe de la Vierge Marie
Eglise Copte Orthodoxe
de la Vierge Marie
Rue Virginio-Malnati 35
1217 Meyrin
Type de construction: | église copte-orthodoxe |
Superficie bâtie: | 900 m2 (bâtiment) - 1529 m2 (parcelle ) |
Hauteur du bâtiment: | 16 m |
Coût: | 3,5 Mio. SFr |
Opposition: | aucune |
Maître d'ouvrage: | Comité Eglise Copte Orthodoxe de la Vierge Marie |
Architectes: | Michel Louis, Raouf Morcos |
Début des transformations: | novembre 2000 |
Période de construction: | 4 ans |
Inauguration: | 12 juillet 2004 |
Tradition religieuse: | copte-orthodoxe |
Du début du projet jusqu'à l'inauguration: | 10 ans |
A la gare de Genève nous montons dans le train régional et descendons, après un court trajet, à la station «Vernier-Meyrin». A pied, nous prenons la direction de Meyrin en suivant le chemin du Grand Puits. Nous longeons d'abord quelques usines, puis un quartier d'habitations et tournons enfin à gauche dans la rue Virginio-Malnati. Aucune église copte n'est visible mais, 150 mètres plus loin, nous remarquons une petite tour recouverte de barreaux, sur notre gauche. Nous nous trouvons devant un complexe de bâtiments comprenant deux éléments: une maison d'habitation de deux étages dans le style des constructions environnantes ainsi qu'une église. Cette dernière est d'un tout autre type: la façade se caractérise par une grande porte d'entrée en bois ainsi qu'un avant-toit à colonnes. En nous approchant de l'entrée nous remarquons un panneau qui invite, en lettres arabes, le visiteur à entrer.
«Avant que nous puissions construire cette église, la communauté copte de Genève et des environs célébrait ses services religieux dans différentes églises et parfois même dans des entrepôts», raconte Raouf Morcos. Ces pénibles déménagements avivèrent chez les fidèles le désir de disposer d'une église propre. C'est par ses amis de la communauté que Morcos reçut l'information décisive: «J'entendis de la part de mes amis qu'un terrain avec une vieille église du XVIIIème était à vendre à Meyrin. On avait cependant l'obligation de ne pas la détruire. Je fis alors la proposition de rénover l'église.» Néanmoins, lorsqu'on planifia les rénovations en détails, on remarqua que la construction devait être transformée plus profondément qu'on ne l'avait cru au premier abord − avec, bien entendu, un accroissement des coûts.
Sur l'initiative de Morcos et de l'architecte Michel Louis, on commença à récolter de l'argent. Un prospectus ayant pour titre «Projet de construction de la première église copte en Suisse» fut imprimé en plusieurs langues et distribué dans la communauté suisse et dans d'autres pays. Morcos se souvient: «Nous avons reçu l'argent de personnes privées et récolté deux millions de francs sur sept années. Le million et demi manquant, nous l'avons obtenu par un crédit bancaire.» En novembre 2000, on put enfin commencer avec la rénovation de l'église et la construction des bâtiments attenants. Comme beaucoup d'éléments furent à charge de la communauté et qu'on dut se procurer certains matériaux en Egypte, les transformations se prolongèrent durant quelques années jusqu'à ce qu'on puisse, peu avant l'inauguration, fixer la croix copte sur la tour. Le 12 juillet 2004, le pape Schenuda III, l'autorité religieuse la plus élevée dans l'église copte, inaugura le bâtiment de la Vierge Marie. Devant le résultat des transformations, Morcos ajoute: «Je suis très heureux et fier!»
La rénovation de la vieille église catholique du XVIIIème siècle prête au complexe de bâtiments une atmosphère particulière. L'église fut rénovée avec beaucoup d'attention et des éléments de construction ainsi qu'une symbolique copte-orthodoxe furent intégrés à l'ancien bâtiment. «La réussite de la rénovation et de l'adaptation de l'ancienne église remplit les coptes de Meyrin d'une fierté toute particulière», souligne Raouf Morcos lors de la visite des bâtiments et de montrer une place dans le mur de l'église où l'on peut voir le mur d'origine.
Raouf Morcos est originaire d’Egypte et vit, depuis 1977, en Suisse. Cet ingénieur, naturalisé en 1995, dirige aujourd’hui une firme égyptienne à Genève. Morcos, ainsi que l’architecte Michel Louis, peuvent être décrits comme les pères du nouveau centre religieux de l’église copte-orthodoxe en Suisse romande. Des premiers jours jusqu’à l’inauguration des bâtiments, Morcos accompagna le projet. Aujourd’hui, il s’engage encore pour sa communauté et conseille les responsables actuels, le père Mikhail Megally et Michel Louis.
D'après Morcos, les rapports avec le voisinage sont bons et le père Mikhail Megally, le prêtre qui vit avec sa famille dans le bâtiment voisin, a établi des contacts bons et ouverts avec les habitants du village. Il reste cependant un problème, glisse Morcos: «Le seul problème, que nous ayons, est un problème de place de parc. Comme les places de parc devant l'église ne suffisent pas le dimanche, quand plus de cent croyants viennent à la messe, nos paroissiens doivent se parquer sur le bord de la route ou sur les places de parc de nos voisins. Cela a déjà créé des dissensions.» On cherche cependant une solution avec la communauté et le voisinage.
L'église copte peut être décrite comme l'église nationale chrétienne d'Egypte. Le mot copte vient de l'arabe «qibt», dérivé du grec «aigyptios», «égyptien».
Les origines du christianisme en Egypte restent aujourd'hui encore obscures. Si l'on en croit la légende, saint Marc, que la tradition copte décrit comme le premier évêque d'Alexandrie, doit être considéré comme le fondateur de l'église copte. Par la fondation d'une école catéchétique, Marc fit de l'Egypte un centre spirituel de l'église chrétienne. Enraciné dans ce christianisme primitif et d'une tradition fortement influencée par le monachisme, l'église copte se développe dès le premier siècle de façon indépendante et avec sa propre orientation spirituelle. Bien qu'elle soit souvent décrite, même dans ses propres textes, comme l'église copte-orthodoxe, elle n'appartient pas réellement à l'église orthodoxe. En l'an 451 déjà, après le concile de Chalcedoine, il y eut une profonde rupture avec l'église byzantine, moins à cause de différences théologiques qu'à cause du rejet, par l'église copte, de l'influence culturelle hellénistique. L'église byzantine reprocha, au niveau théologique, à l'église copte d'être tenante du monophysisme, doctrine selon laquelle la personne de Jésus Christ est uniquement de nature divine et non également de nature humaine. Cette accusation ne fut abandonnée qu'en 1984 lorsque s'expliquèrent le pape Jean-Paul II et le patriarche syriaque-orthodoxe Mar Ignatius Zakka II.
Dès le VIIème siècle, la domination arabo-musulmane plaça l'église copte dans une situation nouvelle, souvent difficile. Jusqu'au XIXème siècle, le rapport entre l'islam et le christianisme oscilla continuellement entre tolérance et persécution. L'apparition mariale à l'église de Zeitoun (Egypte), le rapatriement des reliques de saint Marc au Caire et l'inauguration de la cathédrale Saint-Marc en 1968, furent à l'origine d'une période d'enthousiasme et de revitalisation dans l'église copte.
Jusqu'à nos jours, la liturgie copte et son cérémonial ont gardé quelques caractéristiques d'un archaïsme apparent. On use le plus souvent de la liturgie de saint Basile. Le service est tenu dans un mélange d'arabe et de copte et est complété par les langues nationales respectives. Tout comme l'église catholique romaine et l'église orthodoxe, l'église copte reconnaît sept sacrements. L'eucharistie est célébrée avec la participation des femmes, hommes et enfants. Les croyants sont rendus actifs au travers des rites, des nombreuses répétitions et acclamations ainsi que des chants, et des prières à haute voix ou silencieuses.
Le dirigeant de l'église copte, nommé officiellement «pape d'Alexandrie et patriarche de la prédication de saint Marc», a, depuis 1971, son siège officiel au Caire. Actuellement, c'est le pape Schenuda III qui exerce cette fonction. Il est considéré comme le 117ème successeur direct de saint Marc. La communauté mondiale des coptes est divisée en 40 éparchies (évêchés) et compte de dix à douze millions de membres. En Suisse, des heures d'étude de la bible eurent lieu dès 1962 dans la communauté copte et ce, jusqu'à la prise de fonction, le 6 mai 1984, du père Serapion, premier pasteur copte officiel de Suisse. Sur son initiative, on fonda et développa le service religieux copte dans les années qui suivirent. Aujourd'hui, les centres de l'église copte orthodoxe en Suisse se trouvent à Genève, avec l'église Sainte-Marie, à Zurich, avec l'église Saint-Marc (dans des salles de la Paulus-Akademie), et à Dietlikon/ZH, avec l'église Saint-Marc et Saint-Maurice. La communauté copte de Suisse comprend environ 800 personnes.